La complication date

La complication date

A la différence de certaines complications horlogères plus pointues, la date est une fonction utile au quotidien de toutes et tous. Adorée par certains et délaissée par d'autres, elle ne laisse personne indifférent…

Mais alors, connaissez-vous bien cette complication, son histoire intrigante et son fonctionnement ? Une chose est sûre, ce guide dédié à la complication date vous apprendra forcément quelque chose sur la montre qui vous accompagne dans la vie de tous les jours !

La complication date : c'est quoi ?

Parmi toute l'étendue des complications horlogères, la fonction date est sans doute la plus simple, mais aussi l'une des plus répandues. Pour se rendre compte de son niveau de popularité, il suffit d'observer les vitrines des magasins ou de parcourir les sites internet horlogers… Vous constaterez alors qu'on la retrouve aujourd'hui sur la majorité des montres produites.

Montre équipée d'une complication date

Montre équipée d'une complication date

Cette complication est particulièrement appréciée pour sa praticité ! En effet, elle permet de connaître la date en cours, d'un simple coup d'œil, sans avoir à dégainer son téléphone. Un vrai gain de temps lorsqu'il s'agit, par exemple, de dater un document ou bien de remplir un formulaire.

Concrètement, l'affichage de la date se fait généralement via une petite ouverture sur le cadran appelée « guichet de date », « quantième » ou encore « dateur ». D'ailleurs, celui-ci est le plus souvent positionné à 3 heures, juste à côté de la couronne de remontoir. Cependant, son emplacement peut varier selon les modèles… Certaines montres affichent la date à 4 heures, à 6 heures, à 9 heures, voire à d'autres endroits du cadran.

Voyons maintenant ensemble à quel moment cette complication a fait son apparition !

Histoire de la complication date

La première montre produite en série à intégrer une complication date remonte à 1915. C'est la Maison Movado qui en est à l'origine, avec un garde-temps au design pour le moins atypique dont le dateur n'était pas positionné sur le cadran, mais directement sur le boîtier.

Movado à complication date, 1915 (Source : Fritz von Osterhausen's - « The Movado History »)

Movado à complication date, 1915 (Source : Fritz von Osterhausen's - « The Movado History »)

Un choix original qui, vu avec nos yeux d'aujourd'hui, donne presque l'impression que la fonction date a été ajoutée après coup, comme un élément annexe.

Si vous avez consulté notre guide sur l'histoire de l'horlogerie, vous savez déjà que c'est au début du XXème siècle que les montres à porter au poignet ont commencé à se démocratiser. Et c'est précisément entre les années 1920 et 1930 que le public s'est mis à réclamer des montres dotées d'une fonction date.

C'est dans ce contexte qu'en 1930, une entreprise affiliée à Girard-Perregaux, du nom de Mimo, dévoile la Mimo-Meter. Cette montre marque un tournant puisqu'elle présente un dateur directement intégré au cadran, exactement comme sur la majorité des montres actuelles.

Mimo-Meter à complication date, 1930 (Source : Jones & Horan)

Mimo-Meter à complication date, 1930 (Source : Jones & Horan)

Cette Mimo-Meter est ainsi considérée comme la montre ayant véritablement posé les bases du guichet de date tel qu'on le connaît aujourd'hui.

Une quinzaine d'années plus tard, en 1945, une autre avancée majeure dans l'histoire des montres à date voit le jour : Rolex célèbre les 40 ans de la manufacture en lançant un modèle emblématique, la Datejust référence 4467. Vous la connaissez sûrement de nom, tant elle a marqué les esprits !

Rolex Datejust réf. 4467, 1945 (Source : Goldammer)

Rolex Datejust réf. 4467, 1945 (Source : Goldammer)

Ce qui distingue la Rolex Datejust des modèles précédemment sortis, c'est son mouvement automatique. Contrairement à la Movado de 1915 et à la Mimo-Meter de 1930, toutes deux à remontage manuel, cette nouvelle Rolex est animée par un mouvement à remontage automatique, plus moderne pour l'époque.

Vous cherchez à comprendre la différence entre tous ces types de mouvements, ne passez pas à côté de notre guide dédié aux montres mécaniques et automatiques.

Au passage, vous noterez que, comme sur la Mimo-Meter sortie 15 ans avant, le dateur de la Rolex Datejust première du nom prenait place à 3 heures . Et si vous cherchez un moyen mnémotechnique pour vous rappeler de toutes ces dates clés, dites-vous simplement que durant le première moitié du 20ème siècle, tous les 15 ans est sortie une montre qui a marqué l'histoire !

Voici maintenant une petite anecdote à sortir lors d'un dîner entre passionnés… Au moment de sa sortie en 1945, la Rolex Datejust n'était pas encore équipée du fameux "cyclope", cette petite loupe devenue un élément emblématique de la marque. En effet, ce n'est qu'au début des années 1950 qu'apparaît cette bulle grossissante sur le verre, censée améliorer la lecture de la date. La légende raconte d'ailleurs que cette invention serait née à la suite d'une remarque de la femme d'Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex, qui peinait à lire la date sur sa Datejust.

Loupe grossissante « Cyclope » Rolex (Source : Montredo)

Loupe grossissante « Cyclope » Rolex (Source : Montredo)

Au début des années 1950, la Rolex Datejust a également reçu une seconde fonction : le changement de date instantané à minuit. Avant cela, le disque de date du modèle prenait un certain temps pour passer d'une date à l'autre… Grâce à cette innovation, la transition devient immédiate !

À partir de ce moment, les montres dotées d'un guichet de date commencent à se démocratiser progressivement, notamment grâce à la généralisation des mouvements automatiques. Par ailleurs, c'est véritablement à partir du milieu des années 1960 que les montres à complication date gagnent du terrain.

Un exemple très parlant est celui de la manufacture IWC. Entre 1964 et 1976, la marque a produit trois fois plus de mouvements automatiques avec complication date que de calibres automatiques qui en étaient dépourvus. Ce simple chiffre témoigne de l'engouement croissant pour cette fonctionnalité.

IWC Ingenieur avec dateur, circa 1960 (Source : Vintage Gold Watches)

IWC Ingenieur avec dateur, circa 1960 (Source : Vintage Gold Watches)

D'ailleurs, les amateurs de montres vintage vous le diront… Les montres mécaniques à remontage manuel équipées d'une complication date sont beaucoup moins communes que leurs équivalents à remontage automatique.

Mais ne vous prenez pas la tête et retenez simplement que la complication date s'est plus ou moins démocratisée au même moment que les mouvements automatiques.

Dans la seconde moitié du XXème siècle, certaines Maisons horlogères ont cherché à se démarquer en revisitant l'affichage de la date. C'est le cas notamment d'Universal Genève ou encore de Zenith, qui ont lancé des modèles surnommés "Keyhole", en référence à leur design évoquant une serrure.

Montre Zenith « Keyhole », circa 1970 (Source : Timeanagram)

Montre Zenith « Keyhole », circa 1970 (Source : Timeanagram)

Ces montres se caractérisent par leur boîtier circulaire, un petit cadran proportionnellement discret par rapport au diamètre global, et un jeu intéressant de lignes géométriques. Bref, il s'agit de montres qui ont su habilement casser les codes.

Comment fonctionne un dateur ?

Dans l'univers de l'horlogerie, la complication date est classée parmi les plus simples. Et pour cause, son fonctionnement repose sur un principe mécanique relativement basique. Une montre équipée de cette complication renferme un disque de date, accompagné d'un mécanisme chargé de le faire tourner quotidiennement.

Mouvement Seiko NH35 côté disque de date (Source My-Montre)

Mouvement Seiko NH35 côté disque de date (Source My-Montre)

Si vous débutez dans le monde de l'horlogerie, sachez qu'identifier un modèle avec un dateur est un jeu d'enfant ! Comme évoqué précédemment, ce type de montre présente une petite ouverture sur son cadran (le fameux guichet de date) généralement situé à 3 heures ou 6 heures, mais que l'on peut également retrouver à 4h30 sur certains modèles plus originaux.

Montres avec dateur à 3h, 4h30 et 6h

Montres avec dateur à 3h, 4h30 et 6h

D'ailleurs profitons de ce moment pour casser un mythe auquel beaucoup croient… Non, la date de votre montre ne change pas forcément à minuit pile. En effet, sur la majeure partie des tocantes, le disque de date entame sa course une ou plusieurs heures avant. Il se peut donc qu'entre 23h et minuit, ou bien entre 22h et 1h du matin, le mécanisme de date de votre montre soit en action.

Cela étant dit, une précaution essentielle est à connaître : il est vivement déconseillé de régler la date de votre montre pendant que le disque de date est en train de tourner. Pourquoi ? Parce qu'à ce moment-là, toute manipulation pourrait endommager, voire casser les dents du mécanisme de date, ce qui nécessiterait, pour vous, un passage par la case horloger.

Attention à la « Zone de la mort » du dateur de votre montre

Attention à la « Zone de la mort » du dateur de votre montre

En horlogerie, on appelle cette plage horaire critique la « Zone de la mort ». Elle s'étend en général de 21h à 3h du matin, période durant laquelle il faut absolument éviter de régler la date. Pour préserver la longévité de votre montre, retenez simplement qui si vous devez ajuster la date, faites-le en dehors de ce créneau horaire, idéalement en journée, lorsque le mécanisme de date est totalement au repos.

Comment régler le dateur de sa montre ?

Cela va peut-être vous surprendre, mais toutes les montres avec dateur ne se règlent pas de la même manière. Pour bien comprendre cette différence, il faut distinguer les montres vintage des modèles plus contemporains.

En effet, sur la plupart des montres anciennes, en particulier celles produites avant les années 1970, il n'existait pas de mécanisme de réglage rapide de la date. Pour ajuster le dateur, il fallait alors faire tourner manuellement les aiguilles jusqu'à atteindre la date voulue… Un processus qui pouvait vite devenir fastidieux.

Rolex Oyster Date réf. 1500 sans réglage rapide de la date, circa 1960/1970 (Source : Bob's Watches)

Rolex Oyster Date réf. 1500 sans réglage rapide de la date, circa 1960/1970 (Source : Bob's Watches)

Par exemple, si votre montre vintage affiche une date au 20 et que l'on est le 28 du mois, il vous faudra réaliser 16 tours de cadran pour régler son dateur ! Cela peut se révéler être une véritable corvée et c'est d'ailleurs pour cette raison que beaucoup de collectionneurs portent leurs montres anciennes sans prendre le temps de régler la date.

À l'inverse, la majorité des montres modernes sont équipées d'un système de correction rapide de la date. Pour savoir si votre montre en bénéficie, jetez un œil à sa couronne… Si elle peut être tirée sur deux niveaux, alors, il y a de fortes chances que le premier cran soit dédié au réglage du dateur.

Action à effectuer pour régler le dateur de sa montre (Source : Seiko Watch)

Action à effectuer pour régler le dateur de sa montre (Source : Seiko Watch)

Dans ce cas, régler la date devient un jeu d'enfant ! Il suffit de tirer légèrement la couronne jusqu'au premier cran, puis de la tourner (dans le sens horaire ou antihoraire selon les modèles) afin de faire défiler la date en quelques secondes seulement.

Rolex Oyster Date 115200 avec réglage rapide de la date, 2017 (Source : WeWatches)

Rolex Oyster Date 115200 avec réglage rapide de la date, 2017 (Source : WeWatches)

Si vous consultez les forums de montres et les autres groupes de passionnés, vous constaterez que ce système de réglage rapide de la date est souvent désigné par le mot anglais « quickset ». Une montre équipée du quickset embarque donc un dateur avec correction rapide !

Remarque importante : si au moment du réglage de votre montre ses aiguilles semblent être dans la fameuse « zone de la mort », mais que vous ne savez pas si elles sont réellement entre 21h et 3h du matin ou plutôt entre 9h du matin et 15h, faites plutôt avancer les aiguilles de votre montre…

Période durant laquelle ne pas régler le dateur

Période durant laquelle ne pas régler le dateur

Placez-vous dans une zone sans risque comme à 6 heures ou 18 heures et procédez au réglage rapide du dateur sur la date de la veille et faites de nouveau avancer les aiguilles pour finaliser le réglage de votre montre. De cette manière, vous n'avez aucun risque d'endommager son mécanisme de date. Voilà donc un conseil qui vous évitera de passer par la case horloger afin de faire réparer votre montre !

Le « Pointer Date » et la « Grande Date », c'est quoi ?

Si le guichet de date reste la forme la plus répandue pour afficher la date sur une montre, il existe d'autres façons, parfois plus originales, parfois plus techniques, d'intégrer cette complication au cadran. Le pointer date et la grande date sont deux parfaits exemples.

Le Pointer Date

Commençons par le pointer date… Contrairement aux montres classiques où la date s'affiche via une petite fenêtre (le guichet), une montre dotée d'un pointer date utilise une aiguille centrale dédiée à l'affichage de la date. Celle-ci pointe vers un marquage gradué de 1 à 31, disposé généralement en périphérie du cadran. Cette aiguille, fixée au même endroit que celles des heures et des minutes, pointe vers la date du jour, d'où son nom.

On retrouve souvent cette manière originale d'afficher la date sur les montres dotées d'une triple date, sur celles affichant les phases de la lune mais aussi sur la mythique Oris Big Crown Pointer Date. Eh oui, cela ne s'invente pas !

Aiguille « Pointer Date » d'une montre Oris Big Crown

Aiguille « Pointer Date » d'une montre Oris Big Crown

Le pointer date est aussi une manière très esthétique d'intégrer la date sur une montre. En effet, elle permet de ne pas casser la symétrie du cadran !

Sachez d'ailleurs qu'il existe une variante plus discrète du pointer date. En effet, certaines montres intègrent un sous-compteur dédié à la date.

Montre avec petit « Pointer Date »

Montre avec petit « Pointer Date »

Ce petit compteur circulaire, souvent positionné en bas ou sur le côté du cadran, est lui aussi gradué sur 31 jours, et une petite aiguille vient y indiquer la date. Un clin d'œil technique qui plaira aux amateurs de complications sobres mais raffinées.

La Grande Date

Passons maintenant à une complication plus sophistiquée encore : la grande date. Ici, l'idée est simple, il s'agit d'améliorer la lisibilité de la date en l'affichant dans un format plus large que la normale. Pour cela, la montre n'utilise non pas un, mais deux guichets séparés. Le premier affiche les dizaines (de 0 à 3) et le second les unités (de 0 à 9).

Mouvement Unitas 6497 avec module grande date (Source : Men's Up)

Mouvement Unitas 6497 avec module grande date (Source : Men's Up)

Ainsi, pour le 16 du mois, vous lirez un « 1 » dans le premier guichet et un « 6 » dans le second. Résultat : une date bien plus visible, souvent mise en valeur par une belle présentation sur le cadran.

Cette complication a été introduite en 1932 par la marque Helvetia, alors liée à Omega, à travers un mouvement baptisé calibre 75A. Ce mouvement mécanique de forme tonneau, doté de 15 rubis, était initialement conçu pour équiper des montres rectangulaires. C'est à partir de cette base que Helvetia a développé une version adaptée dotée d'un affichage grande date.

Montre Helvetia à grande date, circa 1930 (Source : Helvetia Watch History)

Montre Helvetia à grande date, circa 1930 (Source : Helvetia Watch History)

Petit clin d'œil amusant : certaines des premières montres à grande date étaient capables d'afficher des dates jusqu'au 39 ! A la fin de chaque mois, leur propriétaire devait manuellement ajuster le disque de date, souvent de plusieurs jours, afin de retrouver une date correcte. Nous n'étions alors qu'au tout début de cette complication…

Heureusement, Helvetia fera rapidement évoluer son mouvement en lui ajoutant une fonction de correction rapide de la date, activable via un petit bouton poussoir situé sur le boîtier. Une véritable avancée pour l'époque, qui permettait de gagner un temps précieux.

Il faut dire que cette grande date répondait à une vraie demande : améliorer la lisibilité, souvent jugée trop faible, des guichets classiques comme celui de la Mimo-Meter mentionnée en début de ce guide. D'ailleurs, dans ses campagnes publicitaires, Helvetia se vantait à l'époque de proposer des « montres-calendriers à quantième très visible », preuve que la lisibilité était déjà un argument marketing majeur !

Publicité ancienne Helvetia, années 1930 (Source Helvetia Watch History)

Publicité ancienne Helvetia, années 1930 (Source Helvetia Watch History)

Dans les années qui suivirent, des marques comme Mimo, Girard-Perregaux, ou encore Solvil, Ditis et Angora emboîtèrent le pas en proposant à leur tour des montres à grande date, souvent dans des boîtiers rectangulaires, et animées par le fameux mouvement Helvetia 75.

Comme nous venons de le voir, la complication date, bien qu'en apparence très banale, cache une histoire technique et esthétique passionnante. Depuis l'apparition du tout premier dateur au milieu des années 1910, jusqu'aux évolutions comme le quickset, le pointer date ou la grande date, cette petite fonction a su se réinventer, évoluer et s'adapter aux envies du public.

Alors oui, aujourd'hui, lire la date sur sa montre semble un geste anodin… Mais désormais, vous savez que derrière chaque guichet ou chaque aiguille se cache plus d'un siècle d'innovation horlogère. Et cela mérite bien un coup d'œil attentif !

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