Horlogerie : histoire et évolutions

Horlogerie : histoire et évolutions

Les montres à porter au poignet ne sont pas apparues du jour au lendemain, elles sont le résultat d'une longue, très longue tradition horlogère. Si l'on vous parle de « gousset » ou bien de « cadran solaire », cela vous évoque forcément quelque chose mais sachez que bien d'autres objets de mesure du temps ont été inventés avant la montre poignet.

Au sein de ce guide, vous découvrirez d'autres outils méconnus, leur histoire ainsi que leurs caractéristiques. Et, vous le verrez, tous font preuve d'une importante ingéniosité compte tenue de l'époque à laquelle ils ont été inventés.

Alors, ne tardez plus, plongez-vous dans l'histoire de l'horlogerie !

Les toutes premières formes de l'horlogerie

Commençons par le commencement : saviez-vous que les premières traces de l'horlogerie remontent à la période du Néolithique ? C'est en effet aux alentours de -3 500 av J.C. que sont apparus, dans de nombreuses civilisations, les cadrans solaires.

Cadran solaire

Biens qu'imprécis et directement tributaires des conditions météorologiques, ces dispositifs très rudimentaires permettaient aux hommes et aux femmes de l'époque d'organiser leur vie en communauté.

Plus tard, vers -1 400 av J.C., le clepsydre amènera une première évolution. Également appelé « horloge à eau », cet outil apportait une solution efficace face aux limitations techniques rencontrées par les cadrans solaires. Le clepsydre fonctionne par tout temps, même sans Soleil !

Croquis de clepsydre

Présenté sous la forme d'un sablier à eau, il fut utilisé par certaines des grandes civilisations dans le but d'organiser plusieurs de leurs cérémonies religieuses. Petite anecdote, aviez-vous remarqué que les clepsydres sont de nos jours encore utilisés pour chronométrer les jeux de Fort Boyard ? Ils n'ont pas forcément le même design que les modèles d'antan, mais ils utilisent tout de même l'écoulement de l'eau pour calculer le temps qui passe. Retenez aussi que le clepsydre demeure un outil de mesure bien moins précis que le sablier, historiquement plus récent.

Mais alors, qu'en est-il de l'horlogerie mécanique ? Celle qui fonctionne grâce à plusieurs pièces et rouages imbriqués ?

L'apparition de l'horlogerie mécanique

Il faudra attendre le XIIIème siècle pour voir arriver, en Europe, les premières horloges mécaniques. Animées par un système de poids suspendus, ces horloges n'étaient en aucun cas portatives et étaient d'ailleurs réservées à l'élite.

A cette époque, la lecture de l'heure gagne encore en précision et se fait principalement sur les places publiques où se retrouvent certaines cathédrales et autres grands bâtiments.

Horloge médiévale de la cathédrale de Salisbury, 1386 (Source : Wikipedia)

Les plus curieux retiendront que l'une des toutes premières horloges mécaniques d'Europe est apparue en 1386, en Angleterre et qu'elle se trouve toujours à la cathédrale de Salisbury. Si vous passez dans le coin, marquez un stop car c'est un objet qui vaut le détour !

La miniaturisation en action et le début de l'horlogerie « transportable »

Nous sommes toujours en Europe, mais cette fois-ci au XVème siècle et, l'horlogerie se miniaturise peu à peu. Les pendules commencent à être accessibles au public et, c'est aux alentours des années 1475 et 1480 que les premières formes de montres portatives font leur apparition. Ces modèles restent relativement volumineux et sont surtout très coûteux ! Ils sont de véritables objets de luxe réservés aux aristocrates et aux très grands bourgeois de l'époque.

Mais attention, bien que ces garde-temps étaient de véritables prouesses techniques, ne pensez pas pour autant qu'ils étaient d'une précision redoutable. En effet, avec leur aiguille unique, ces premiers modèles avaient la fâcheuse tendance à afficher une dérive très importante. Comprenez par-là que lorsque certains avançaient de plusieurs heures, d'autres pouvaient, quant à eux, retarder significativement, cela sur le seul espace d'une journée. Confectionnées dans des métaux précieux à l'image de l'or ou de l'argent, ces montres de poches étaient souvent ornées de pierres précieuses et s'adressaient alors à un public particulièrement aisé.

L'horlogerie portable continue sa course à la miniaturisation et c'est alors que l'on voit apparaître des modèles réellement transportables au quotidien.

Montre Pommander Peter Henlein, 1505 (Source : Wikipedia)

Peter Henlein, alors serrurier et horloger dans la ville de Nuremberg aura le génie d'élaborer, en 1505, une montre ultra compacte pour l'époque. Celle que l'on appelle « Pommander watch », « PHN 1505 » ou encore, plus simplement, « Watch 1505 » représente une véritable prouesse technique pour l'époque.

Quelques années plus tard, Peter Henlein sortira une nouvelle montre qui se verra surnommée « Œuf de Nuremberg » (« Nuremberg Egg »), en raison de sa forme ovoïde.

Ses créations se portent alors autour du cou des notables, tels de véritables bijoux, et attirent ainsi le regard des curieux.

Les premières véritables montres de poche

Nous sommes au XVIème siècle et le berceau de l'horlogerie européen se situe alors en Allemagne, précisément dans les villes d'Augsbourg et de Nuremberg.

Montre de poche, XVIème siècle (Source : izi TRAVEL)

C'est là-bas que sont élaborées les premières montres de poche, celles dont le profil plat permet de les transporter confortablement dans la poche d'un veston. Mais cela ne va pas durer et, petit à petit, le cœur horloger de l'Europe va se déplacer vers Genève et Londres, des places qui comptent, au fil des années, de plus en plus de maîtres horlogers.

Le chronomètre de marine ou la recherche de l'ultra précision

Le XVIIIème siècle sera marqué par une innovation de taille, celle mise au point par le britannique George Graham. Alors charpentier et horloger autodidacte, il décide de se pencher sur l'un des plus grands soucis de son temps : les erreurs de calcul de longitude, souvent responsables de graves problèmes de navigation en mer.

Pour comprendre l'importance de conserver l'heure exacte en milieu marin, il faut avoir à l'esprit l'idée que quelques secondes de décalage dans la mesure du temps peuvent avoir des répercussions directes sur la vie des marins. Dans les cas les plus légers, cela entraînait des problèmes de manœuvres, mais il arrivait parfois aussi que des naufrages de navires soient enregistrés.

Avec son programme « Board of Longitude », le gouvernement britannique de l'époque promettait même de récompenser de 20 000£ quiconque trouverait une solution aux soucis de calcul de longitude rencontrés par les navigateurs. C'est alors qu'est arrivé en 1761 le chronomètre de marine élaboré par Graham.

Chronomètre de Marine A. Lange & Söhne

Cet outil révolutionnaire affichait une précision hors pair puisqu'il ne perdait que 5 secondes sur 6 mois, rendez-vous compte ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, George Graham dût lutter ardemment pour que son invention soit reconnue.

Les montres de poche deviennent abordables

Mais c'est avec l'industrialisation et l'époque contemporaine que les premiers goussets réellement accessibles font leur apparition. De plus en plus performantes, les machines-outils permettent alors aux fabricants de gagner un temps précieux et de proposer des montres toujours plus fiables. En 1867, l'horloger d'origine allemande Georges-Frédéric Roskopf dévoile une montre gousset vendue pour la modique somme de 20 francs.

Montre de poche Roskopf dite "La Prolétaire" (Source : Wikipedia)

Avec son mécanisme unique comportant un nombre restreint de pièces (57 contre 200 pour les modèles classiques), cette montre « d'ouvriers » aussi appelée « la Prolétaire » permettait d'étendre l'accès à l'horlogerie au plus grand nombre.

Les hommes et les femmes de l'époque portent alors la montre de poche mais, dès le début du XIXème siècle, des innovations se profilent. Par exemple, en 1810, Abraham-Louis Breguet élabore pour Caroline Murat, alors reine de Naples, ce qui s'avèrera être la première montre poignet de l'histoire.

Caroline Murat reine de Naples par François Gerard ou Jean-Baptiste Regnault entre 1810 et 1812 (Source : Wikipedia)

Toujours à cette époque, les chemins de fer connaissent, eux aussi, un développement fulgurant. Ils promettent à leurs usagers de voyager rapidement et sur d'importantes distances. Mais un problème apparaît ici… A l'époque, il existe tellement de fuseaux horaires différents que l'heure locale peut parfois varier d'un simple village à l'autre ! Alors, afin de simplifier cela, l'Angleterre adoptera, en 1847, un horaire unique pour la totalité de son territoire, horaire calqué sur celui de la capitale, Londres. Il faudra attendre la tenue du Congrès de Rome en 1883 pour voir le monde divisé en plusieurs zones distinctes. En une année seulement, 95% des villes qui comptaient plus de 10 000 habitants s'étaient mises à utiliser ce système.

L'adoption d'une heure universelle ou d'un « temps universel » avait aussi pour avantage de faciliter l'organisation des transactions au cours de l'ère industrielle. Les échanges entre les pays s'en trouvaient ainsi synchronisés et les mouvements étaient plus aisés.

La montre se porte désormais au poignet

Le XXème siècle est une période durant laquelle l'horlogerie sera marquée par de nombreux bouleversements, à commencer par la manière de porter sa montre. Au tout début de la période, alors que les goussets représentent la norme, l'aviateur Alberto Santos-Dumont fait part à son ami, Louis Cartier, de la difficulté qu'il rencontre à utiliser sa montre de poche lorsqu'il est aux commandes de son avion.

Portrait d'Alberto Santos-Dumont en 1092 (Source : Wikipedia)

Afin de lui apporter une solution pratique, ce dernier développera (avec l'aide d'Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex) spécialement pour lui une montre à porter non pas dans la poche de son veston, mais plutôt directement au poignet lors de ses sessions dans les airs.

Montre Cartier Santos Dumont 1904 (Source : The Watch Observer Ouest France)

Mais cet élégant petit objet fixé au poignet de l'aviateur franco brésilien se fera rapidement remarquer et Cartier décidera de le commercialiser dès 1911 afin de répondre à la demande de l'époque. La naissance de cette première montre grand public à fixer au poignet marquera le début du déclin des montres de poche.

Mais attention, ne croyez pas pour autant que la montre poignet s'est démocratisée en quelques mois… Au départ perçue comme féminine, elle mettra un certain temps à séduire les hommes du début du siècle passé. Mais, c'est l'évènement tragique que sera la première guerre mondiale qui fera brusquement changer les codes, le goût des hommes.

Comme vous pouvez aisément l'imaginer, les soldats envoyés au front en 1914 ne pouvaient pas toujours se permettre de sortir un gousset de leur poche lorsqu'ils étaient au combat. C'est donc pour des raisons avant tout pratiques que ces derniers ont commencé à porter leur montre au poignet.

A cette époque, il n'était pas rare que les femmes fassent don de leur petit gousset à leur conjoint parti combattre. Ces garde-temps étaient ensuite envoyés chez les bijoutiers et horlogers de l'époque qui se chargeaient de leur souder des cornes à anses fixes, cela afin de pouvoir leur accrocher un bracelet, à 3 heures et 9 heures (la couronne se trouvant à 12 heures).

Montres de poche transformées, argent massif 800/1000

Une fois passées au poignet, ces montres se lisaient donc de travers, un peu à la manière des montres de pilote automobile aussi appelées « driver watches ». C'est précisément comme cela que ces discrètes montres de poche, à l'origine destinées aux femmes, se sont retrouvées portées aux poignets de guerriers. Pour des raisons de croyances personnelles, mais aussi pour disposer d'un porte-bonheur, plusieurs soldats faisaient le choix de monter une toute petite médaille religieuse sur l'une des cornes de leur montre.

Souvent réalisées dans des matériaux précieux comme l'argent 800 millièmes ou l'or massif, ces montres dont le diamètre tournait autour des 30mm étaient équipées d'un cadran en émail. De plus, de multiples décorations, sous forme de gravures, venaient habiller leur boîtier.

Les modèles les plus techniques de l'époque étaient même munis d'une grille métallique qui permettait d'éviter à leur verre minéral de voler en éclat lorsqu'il recevait un projectile. Car oui, les garde-temps de cette époque étaient protégés par un verre minéral et non par un verre en plexiglass.

A chaque décennie son style… et ses révolutions

En horlogerie, un peu comme dans le monde des bijoux, des vêtements ou encore de la décoration d'intérieur, chaque époque a été caractérisée par un style (et une technologie) bien à elle ! Voyons en détail comment ont évolué les caractéristiques de l'horlogerie entre le début du XXème siècle et nos jours.

1920 : les premières montres poignet et l'Incabloc

Dans les années 1920, arrivent sur le marché, des montres imaginées pour être portées au poignet. Réalisées en argent massif, en or, en nickel-chrome ou bien en plaqué or, celles-ci adoptent souvent un boîtier de forme coussin au centre duquel est logé un cadran circulaire.

Montre Tribaudeau "Trib", boîtier argent massif 800/1000

Ces garde-temps proposent une petite seconde, leurs aiguilles sont bleuies et sont parfois même peintes au radium, une matière luminescente radioactive découverte par Pierre et Marie Curie dont la popularité a été au plus haut aux cours des années folles.

A cette époque, Rolex qui est déjà un As du marketing décide de tirer son épingle du jeu d'une manière astucieuse. En 1927, soit à peine un an après avoir sorti sa première « Oyster » dotée d'une couronne imperméable, la marque décide de s'associer à une jeune nageuse anglaise, Mercedes Gleitze.

Portrait de la nageuse anglaise Mercedes Gleitze (Source : Wikipedia)

En réussissant l'exploit de traverser la Manche à la nage avec la montre Rolex fixée au poignet, toujours fonctionnelle à l'arrivée, elle participera à la création du mythe Rolex ! Petite anecdote, pour convaincre les sceptiques de l'époque, Rolex ira même jusqu'à exposer, au sein de ses principaux points de vente, des Oyster complètement immergées dans des aquariums.

Montre Rolex Oyster Extra Prima (Source : Petit Genève)

Mais si la Rolex Oyster a été la première montre résistante à l'eau ou « water proof » proposée sur le marché, le premier garde-temps considéré comme véritablement étanche apparaîtra, quant à lui, quelques années plus tard…

Toujours dans les années 20, les horlogers se concentrent sur un système antichoc qui permettrait aux montres de surpasser les accrocs du quotidien. Composé d'une dizaine de pièces, ce petit élément de seulement 2mm est baptisé « Incabloc », un nom qui doit sans doute parler à plusieurs d'entre vous.

Schéma amortisseur Incabloc (Source : Site officiel Incabloc)

Jadis présenté comme « plus précieux que l'or à poids égal » ce système sera vu comme une petite révolution dans le monde des montres. La presse relayera massivement l'information et le grand public associera l'Incabloc aux montres de qualité.

Publicité pour l'Incabloc à Londres (Source : Monochrome Watches)

A l'époque, la publicité se fait jusque sur les iconiques bus londoniens rouges !

1930 - 1940 : la première montre étanche et des matériaux nouveaux

Les années 1930 vont être marquées par la naissance de véritables icônes horlogères. La Lip T18, la Jaeger-LeCoultre Reverso ou encore l'Omega Marine… toutes sont des montres rectangulaires, aujourd'hui encore très appréciées des passionnés de vintage.

Omega Marine, 1932 (Source : Site officiel Omega)

Sortie en 1932, la dernière de la liste est même considérée comme la toute première montre étanche de l'histoire. Véritable révolution pour l'époque, son système de double boîtier lui permettait de résister à une immersion jusqu'à 135 mètres de fonds !

Dans les années 1930 va aussi apparaître sur le marché un tout nouveau matériau, servant à la confection des boîtiers. A l'époque, on ne parle pas encore d'acier inoxydable mais plutôt d'acier « inrouillable », « Staybrite » ou « Everbright ».

Fond de boîte en acier Staybrite d'une Lip "T18"

Mais alors, pourquoi s'agit-il d'une avancée ? Pour comprendre cela, il faut se replacer dans le contexte des années 30. A ce moment, les montres sont soit confectionnées dans des métaux précieux ultra durables, soit dans des métaux communs plaqués d'une couche brillante. Et, vous le comprendrez aisément, la résistance de cette couche était toute relative.

De leur côté, ces nouveaux matériaux promettaient d'offrir des montres à la fois robustes, scintillantes et inaltérables, cela sans avoir recours aux métaux précieux. D'ailleurs, à l'époque, certaines des campagnes de pub faisant la promotion de ces aciers font mention d'une « belle couleur platine ».

Le Staybrite, par exemple, est un savant alliage composé d'une grande quantité d'acier mixé à un peu de nickel ainsi qu'à un peu de chrome.

Chronographe Longines avec boîtier en acier Staybrite, 1940 (Source : Christies)

Certaines des plus belles marques de la période ont utilisé ces matériaux nouveaux afin d'équiper leurs montres sportives haut de gamme. C'est ainsi que plusieurs chronographes Longines, Angelus, Tavannes, Omega ou encore Alpina en Staybrite ont pu voir le jour.

1950 - 1960 : l'élégance avant tout

Les années 1950 ont vu naître des montres ultra élégantes faisant parfois la part belle à des détails extravagants comme à des cornes dites en « cornes de vache » ou bien à des boîtiers originaux en forme de triangle par exemple. Les montres du début des années 50 sont aussi très souvent munies d'une petite seconde, à savoir d'un petit compteur indépendant servant uniquement à l'affichage des secondes.

Lip R25 en acier avec "cornes de vache", 1950

De leur côté, les années 1960 ont été bien différentes. Elles ont été marquées par des styles minimalistes que l'on pourrait qualifier comme plus sages. Il faut dire que dans les sixties, les montres étaient tellement sobres qu'elles apparaissent aujourd'hui encore comme très contemporaines.

Leur architecture moderne pouvant reposer sur un mouvement automatique vous permet d'ailleurs de les porter sans le moindre souci au quotidien, à condition cependant d'être un minimum délicat avec elles. En bref, elles sont tout à fait indémodables !

Festina Incabloc et Juvenia mécaniques, 1960's

Notez tout de même qu'à cette période, la majeure partie des montres est animée par un mouvement mécanique à remontage manuel. De plus, lorsqu'ils sont équipés du fameux antichoc vu précédemment, les garde-temps affichent sur leur cadran, en toutes lettres, la mention « Incabloc », généralement à 6 heures.

Mais c'est alors qu'à la fin des années 60, l'entreprise japonaise Seiko dévoile une montre très particulière, la Seiko Quartz Astron. Animée par une pile, ce modèle sorti le jour de Noël 1969, est la première montre à quartz du monde. Sa promesse ? Être ultra précise et robuste, tout cela sans ne jamais nécessiter de passage chez un horloger pour une quelconque révision.

Seiko Quartz Astron, 1969 (Source : Wikipedia)

La Quartz Astron ne demandait ainsi que peu d'attention, si ce n'est un changement de pile de temps à autre.

1970 : des designs avant-gardistes et la crise du quartz

Les années 1970 marqueront un tournant important dans le monde de l'horlogerie ! En effet, la période est caractérisée par une véritable prise de risque en matière de design. Les montres automatiques de l'époque s'épaississent et adoptent un style sport-chic à la limite parfois du futuriste.

Seiko Credor Locomotive, 1979 (Source : Seiko Design)

Elles sortent du lot mais, leur grande originalité est peut-être une réaction de leur part pour tenter de résister au tsunami des montres à quartz.

Car, dans les années 70, les montres fonctionnant sur une architecture mécanique sont peu à peu délaissées par les hommes comme les femmes. Elles pâtissent alors d'une image vieillotte et ce n'est pas la sortie de la toute première montre numérique par Pulsar en 1972, la P1, et de la Casiotron par Casio en 1974 (première montre LCD) qui aideront les choses… Nous sommes alors en plein dans ce que l'on appelle la « crise du quartz » !

Pulsar P1, 1972 (Source : Revolution Watch)

A ce moment, les firmes japonaises et américaines inondent le marché européen avec des garde-temps accessibles qui séduisent un public toujours plus grand.

1980 : la mode des montres digitales et le sauvetage de l'industrie horlogère suisse

Dans les années 1980, les montres à affichage analogique tirent profit des possibilités offertes par le quartz en adoptant un profil plat et un habillage minimaliste, synonyme d'élégance. Mais, au même moment, la montre digitale se popularise. Propulsée par des marques japonaises comme Casio, Seiko, Citizen, Pulsar ou encore Orient, elle fait rapidement des adeptes. Il faut dire que son écran LCD (à cristaux liquides) et son prix bas ont joué un rôle important dans sa démocratisation.

Montre digitale Casio CFX-200, 1983 (Source : Site officiel Casio)

En plus de cela, certaines des montres digitales proposaient des fonctions avancées comme un chronographe au 1/100 de secondes, une alarme sonore, une calculatrice ou encore un système de recharge par panneau solaire. Bref, autant d'atouts qui jouaient en leur faveur !

Côté design, les montres analogiques se mettent à adopter un style bicolore aussi appelé « bi ton » ou « two tone ». Cette tendance, basée sur le mélange d'éléments en acier inoxydable à d'autres en or jaune ou en plaqué or, a été impulsée par la Cartier Santos (à ne pas confondre avec la Cartier Santos Dumont). Sortie à la toute fin des années 1970, cette montre sera un véritable bestseller au cours des années 1980.

Cartier Santos bicolore or et acier (Source : George Cramer / Revolution Watch)

Afin de se démarquer, certaines maisons comme Tag Heuer impulsent des designs futuristes. La S/el ainsi que les diverses montres en titane de la marque peuvent ici être citées comme des exemples en matière de prise de risques.

Mais la crise du quartz avait déjà bien affaibli les marques suisses… Si vous ne deviez retenir que deux chiffres, ce seraient les suivants : avant le début de la crise du quartz, la part de marché des marques suisses était de 50%. L'arrivée des montres à quartz japonaises fera chuter cette part à 5%, cela en l'espace d'une poignée d'années seulement !

C'est à Nicolas Hayek que l'on doit le sauvetage de l'industrie horlogère suisse.

Nicolas G. Hayek, 1928-2010 (Source : Site officiel Omega)

En 1983, il crée l'entreprise Swatch avec une idée bien précise en tête : proposer des montres labelisées « Swiss Made » combinant à la fois accessibilité, design créatif et fabrication de qualité.

Cette recette, qui s'avèrera gagnante, lui permettait ainsi de tirer profit de l'image qualitative dont jouissaient les montres suisses tout en venant concurrencer les marques japonaises directement sur leur segment tarifaire.

Swatch GB101, 1983 (Source : Wikipedia)

Swatch compte toujours parmi les principaux acteurs du monde horloger, d'ailleurs, plus qu'une simple marque, elle est aujourd'hui un véritable groupe propriétaire de certaines des maisons horlogères les plus luxueuses du monde.

Si, au fil des années, plusieurs montres Swatch sont sorties avec un mouvement automatique, il faudra attendre le début du XXIème siècle pour voir renaître l'amour du grand public envers les montres mécaniques.

1990 : des grandes complications et des détails tout en finesse

En horlogerie, les années 90 ont été marquées par le retour en force des marques allemandes.

Cet évènement, faisant suite à la chute du mur de Berlin, permettra de booster la popularité de 5 maisons dont le nom vous parle forcément puisque nous faisons ici référence à NOMOS Glashütte, Mühle Glashütte, Union Glashütte, Glashütte Original et à A. Lange & Söhne.

Les années 1990 sont aussi caractérisées par l'apparition de pièces assez particulière, les montres de luxe au gabarit surdimensionné.

Audemars Piguet Royal Oak Offshore 25721ST, 1993 (Source : Site officiel Audemars Piguet)

Avec sa Royal Oak Offshore sortie en 1993, Audemars Piguet, qui souhaite alors séduire un public plus jeune, sera l'une des premières manufactures à emboiter le pas.

Du côté des montres habillées, les marques les plus prestigieuses se réapproprient le terrain des grandes complications. En 1989, un gousset ultra complexe est même présenté, il s'agit du Patek Philippe calibre 89 !

Patek Philippe Calibre 89, 1989 (Source : Watches & Culture Forum)

Ce gousset XXL imaginé pour fêter les 150 ans de la marque est alors considéré comme la création la plus compliquée développée par la maison. Les montres d'entrée de gamme vont s'emparer de la tendance des grandes complications, elles tenteront de proposer des alternatives accessibles en jouant la carte du quartz.

C'est ainsi que l'on verra fleurir, dans bien des vitrines, des montres à quartz associant un calendrier à une fonction phase de Lune.

Côté design, les montres de la décennie se distinguent aussi par des détails souvent très fins et élégants. Lorsque l'on observe ces montres avec notre regard d'aujourd'hui, on a souvent cette étrange impression que les index, les aiguilles ou encore les marquages dont elles sont ornées sont sous-dimensionnés. Et, ne pensez pas que cela est dû à l'élargissement de la carrure des montres de l'époque ! Cette sensation se retrouve aussi avec les pièces les plus compactes.

Jean Lassale Thalassa 7F98 018 (Source : Watch Spare)

Ce style bien particulier que l'on ne retrouve presque plus aujourd'hui contribue au charme des montres des années 90.

2000 : les montres de luxe et la banalisation des grands diamètres

Dans les années 2000, les maisons horlogères suisses décident de se positionner sur le segment du haut de gamme et parfois même du luxe. Leurs noms font de nouveau rêver les passionnés des quatre coins du globe et c'est comme cela qu'elles ont, peu à peu, regagné du terrain.

Publicité Longines Dolce Vita (Source : Galerie 1 2 3)

Si les montres habillées de la période sont, par souci d'élégance, souvent fines, équipées d'un mouvement à quartz et proposées dans des diamètres raisonnables, les montres de sport, quant à elles, suivent une ligne directrice bien différente !

Pour s'en rendre compte, il suffit d'observer les caractéristiques des plongeuses et des autres chronographes des années 2000.

Breitling Bentley Motors T A25363, 2008 (Source : Watchfinder & Co.)

Avec des diamètres dépassants parfois allègrement les 45mm, ces pièces misaient sur un gabarit XXL pour séduire la clientèle aisée de l'époque. Bien des marques ont suivi la mode, mais Breitling, Panerai et Hublot sont peut-être les plus représentatives.

2010 - 2020 : des rééditions et des montres connectées

Au cours des années 2010, l'heure est aux rééditions ! Ces montres, souvent issues de grandes marques, suivent une philosophie assez particulière en ce sens où elles mélangent un style d'antan à des matériaux de nouvelle génération comme l'acier inoxydable ou la céramique.

A ce moment, le vintage commence à fasciner le grand public et les maisons horlogères le comprennent bien. Elles sont alors de plus en plus nombreuses à proposer des collections entières de garde-temps inspirés par des pièces de leurs archives.

Tudor Heritage Black Bay, 2012 (Source : La Cote des Montres)

Le rétro sert donc parfois à inspirer des projets nouveaux ! La Tudor Black Bay sortie en 2012 est un excellent exemple en la matière. Avec son cadran noir mat, ses aiguilles Snowflakes dorées ainsi que sa matière luminescente blanc cassée, elle puisait dans le vintage pour construire son ADN propre.

Quelques années plus tard, en avril 2015, sort la première Apple Watch aussi appelée « Series 0 ».

Apple Watch "Series 0", 2015 (Source : Les Rhabilleurs)

Avec ce produit d'un genre nouveau d'abord présenté comme une extension du smartphone, la marque à la pomme lancera la mode des montres connectées. Les sms et les instructions GPS se lisent maintenant directement sur le poignet !

Bien que la période des années 2020 fasse toujours honneur aux montres de style ancien, en particulier par le biais des rééditions, les références les plus en vogue dans le microcosme des passionnés se distinguent par un élément clé : leur relatif petit diamètre. En effet, bien des montres qui arrivent sur le marché présentent un boîtier de 37mm, 35mm voire 33mm.

Rien à voir donc en comparaison à ce qui se faisait au début des années 2000 !

Nivada Grenchen Antarctic Spider black 35011

Nous arrivons ainsi à un moment de l'histoire où il est possible de se procurer des montres partageant le design et les dimensions des pièces d'antan, tout en employant des matériaux durables dans un processus de fabrication moderne. Ces références combinant le meilleur des deux mondes sont très appréciées de certains collectionneurs qui peuvent ainsi apprécier le style vintage, l'esprit léger !

Des cadrans solaires aux montres actuelles en passant par le clepsydre, les premières pendules, le chronomètre de marine ou encore les goussets… vous connaissez maintenant les grandes lignes de l'histoire horlogère. Mais alors, quelles seront les tendances des prochaines décennies ?

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